La pollution lumineuse
Pour une étoile ou une fleur de plus
Ruheng Wang
« Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. »
Ce dispositif revisite cette citation extraite du livre Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Une nouvelle phrase, écrite sur une banderole, reste lisible à la nuit tombée, à la lueur des lampadaires. La flore prospère grâce à la régularité d’alternance du jour et de la nuit. Un excès de lumière artificielle peut gravement la perturber. Dans les zones touchées par la pollution lumineuse, les arbres bourgeonnent de plus en plus tôt au printemps, et la diminution d’activité des pollinisateurs nocturnes peut compromettre la pollinisation des plantes qui fleurissent la nuit. La phrase fait également référence au fait que la réduction de l’éclairage urbain permet de mieux observer la voûte céleste et les étoiles…
Ressources documentaires
- Richard H. ffrench-Constant et al., « Light pollution is associated with earlier tree budburst across the United Kingdom | Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, vol. 283, issue 1833, 2016.
- Samuel Challéat & Dany Lapostolle, « (Ré)concilier éclairage urbain et environnement nocturne : les enjeux d’une controverse sociotechnique », Natures Sciences Sociétés, vol. 22, n° 4, 2014, pp. 317-328.
- Chloé Beaudet et al., « Les citoyens sont-ils prêts à accepter des modifications de l’éclairage public pour la conservation de la biodiversité ? », Ecological Economics, vol. 200, 2022.
- Eva Knop et al., « Artificial light at night as a new threat to pollination », Nature, vol. 548, 2017.
Références artistiques
- Alice Savoie, Faune (police), 2017.
- Cassandre, Bifur, (police), 1929.
- Victor Moscoso, Blue Cheer, Lee Michaels, Clifton Chenier ; Avalon Ballroom, October 6-8, 1967, Lithographie, 1967.
- Michel Wlassikoff, Histoire du graphisme en France 1500-2020, Paris, Musée des arts décoratifs / Éditions Dominique Carré, particulièrement p. 69, 2021.
le projet in situ
en savoir plus
1/ La photopériode c’est-à-dire la durée quotidienne d’exposition à la lumière du jour conditionne le rythme circadien de la plante. Aujourd’hui, les agriculteurs utilisent la lumière artificielle pour accélérer la croissance de leurs cultures. Au-delà de l’impact recherché sur les récoltes, cette pratique perturbe également l’équilibre délicat entre les espèces.
2/ La pollinisation des plantes est perturbée par la lumière artificielle, car les insectes nocturnes, qui sont les principaux pollinisateurs, réduisent leur activité là où elle est présente. Cette baisse de la pollinisation a pour conséquence une moindre fructification, ce qui prive de nourriture les pollinisateurs nocturnes et diurnes et impacte à terme leur propre reproduction.
3/ La pollution lumineuse provoque un bourgeonnement anticipé des arbres hôtes. Ainsi, par exemple, les chenilles de la Phalène brumeuse (Operophtera brumata) ont un accès réduit aux bourgeons et aux jeunes feuilles de chêne qui constitue la base de leur alimentation.